Nous avons enfin vu la lumière !
Déclaration du lieutenant-général Roméo Dallaire et de Mme Shelly Whitman au sujet de monsieur Omar Khadr
Aujourd’hui, le gouvernement canadien a enfin présenté à Omar Khadr des excuses qu’il a longtemps méritées.
L’attente aura duré 15 bonnes années.
Tout commence en 2002, sur un champ de bataille en Afghanistan, où le jeune Omar Khadr fut contraint de s’y rendre et de prendre les armes en tant qu’enfant soldat sous les ordres de son père ; il s’en suit une longue et sinueuse histoire. Après avoir été sérieusement blessé lors d’un échange de coups de feu avec les forces armées américaines qui coûta la vie au sergent Christopher Speer, un soldat et médecin des forces spéciales américaines, suite à l’explosion d’une grenade prétendument lancée par Khadr, ce dernier sera détenu à Guantanamo Bay pendant dix années.
Au moment de la détention de M. Khadr, le gouvernement canadien n’a pas agi conformément aux normes internationales relatives à la protection des enfants utilisés sans scrupules comme armes de guerre. Ce manquement a eu un impact négatif sur l’image du Canada en tant que pays protecteur des droits de l’enfant et remis en question notre engagement en faveur de la défense des droits de la personne.
Des excuses et une compensation financière ne constituent que la première étape d’un processus de guérison qui ne fait que commencer pour ce jeune homme. Ces excuses n’absolvent pas le Canada de ses nombreuses années d’inaction, mais elles lui offrent l’occasion une fois de plus de jouer enfin un rôle de chef de fil sur des questions de défense des droits de l’enfant. Lorsque M. Khadr été finalement libéré sous caution le 7 mai 2015, il a déclaré : « Il n’y a rien que je puisse faire pour le passé, mais j’espère faire quelque chose pour le futur. »
Le Canada peut et devrait se faire l’écho de ces paroles et trouver en celles-ci le ressort d’une action continue.
Nous saluons cette décision du gouvernement canadien de présenter des excuses comme une étape importante visant à démontrer une approche qui fait de la défense des droits de l’enfant une priorité absolue. Il est temps pour nous de briser le cycle de la violence à laquelle tant d’enfants sont exposés à travers le monde.
Le lieutenant-général Roméo Dallaire (ret.), fondateur de la Roméo Dallaire Child Soldiers Initiative et Dr Shelly Whitman, directrice générale de la Roméo Dallaire Child Soldiers Initiative